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Cette histoire commence lors des Journées du Patrimoine 2003 : Comme tous les ans, nous partons avec l’ARPA défendre les couleurs de nos véhicules anciens, afin de les valoriser dans le cadre du patrimoine industriel français. De retour de notre sortie, nous passons rendre visite à nos voisins du club RMA d’Aigrefeuille, qui organisent traditionnellement une expo d’anciennes le même jour.
Déjà, notre fibre de collectionneur a vibré toute cette journée, c’est alors que nous découvrons cette malheureuse Peugeot 403 ambulance, gisant sur un plateau, offerte à la vente. Frédéric, notre président, remarque ce modèle rare, et tante aussitôt de nous convaincre «de ne pas laisser partir un tel modèle trop loin ! ». Bernard est tenté, mais n’a pas de place chez lui. Nous non plus, mais bon ?! 3 mois plus tard, l’ambulance est à la maison. (Ce n’est pas raisonnable, qu’ils diront!) C’est un modèle 1957, avec des essuie-glaces opposés. Il s’agirait d’un des tous premiers modèles montés en version Ambulance par les Carrosseries Surirey de Flers dans l’Ornes, à partir d’un châssis cabine nu, pour le compte de Peugeot. Un bref tour du véhicule nous à permis de remarquer un modèle plutôt sain ; seule la pompe à eau à été démontée « sauvagement » les taraudages sont morts et elle doit être remplacée. Une bonne révision s’impose. Nous décidons de la laisser « dans sont jus de carrosserie » en gage d’authenticité. Le travail commence, et là, les surprises s’accumulent. Une première plutôt bonne, la voiture n’a que 33000 Km. Le revers de la médaille, c’est que passé ces dix ans de bon et loyaux services auprès de la Croix Rouge de Mêle, dans les Deux Sèvres, elle a plutôt mal vécue, avec un entretient sommaire. Les freins arrière se sont démontés en route, et les garnitures sont mortes. Plus étrange, une fois les freins enlevés, impossibles de faire tourner les roues arrières : Le pont est grippé, ou presque. Le cauchemar commence….. Quel utilisateur de Peugeot ancienne ne c’est pas demandé l’utilité de l’huile ricinée dans les ponts à roue et vis en bronze ? En tout cas, le résultat du mauvais choix d’une huile est sans appel. Le mélange d’huile riciné et d’huile de pont minérale classique provoque sous l’effet de la chaleur une réaction chimique, qui transforme ces huiles en une sorte de gélatine gluante et collante. Verdict : il faut démonter intégralement le pont et surtout, tout enlever cette gelée. 3 jours de grattage, spatulage, lessivage, rinçage, nettoyage, et … jurons !!! Quelques roulements neufs plus tard, c’est le temps du remontage (avec huile riciné c’est sûr !), et remercions au passage cette pauvre 403 pick-up qui s’est gentiment prêtée aux dont d’organes pour sauver notre Ambulance. Pour l’occasion, nous offrons quelques durits et 4 belles chaussettes neuves à l’auto, et c’est partit pour les premiers tours de roue. Ca marche ! Ou plutôt ça roule, mais pas longtemps. Le moteur, y veut plus démarrer. Ya plus d’essence. Le carbu est plein d’eau ! Pourtant j’ai bien vidangé le réservoir !!! Messieurs dames, si vous abandonnez de vieilles voitures dehors longtemps, pensez aux fous que nous sommes, qui les restaureront dans quelques années ou décennies : Laissez les bouchons d’essence dessus ! Sinon il pleut dedans, et là, c’est la cata : ça rouille, l’eau s’incruste dans les caissons, et pas moyen de l’en déloger. Un filtre décanteur s’impose, afin de bloquer l’eau avant le carburateur, «tant qu’il en aura.» On trouvera un beau réservoir plus tard… Nous voilà repartis. Enfin, elle roule bien ; pas trop vite ! Il faudra la roder, et éviter qu’elle chauffe. Le contrôle technique est une formalité ; on a bien travaillé, et le contrôleur n’en revient pas ; « qu’est-ce que c’est y que’c’truc ? » Bof, Une 403 ambulance… Déjà la journée du patrimoine 2004 arrive (donc un an tout juste après avoir vu l’auto pour la première fois), on va pouvoir la sortir, la baptiser, la monter au grand jour, voir même, faire baver les potes ! Enfin le mécano sourit (moi !!!), le moteur ronronne, la boite est précise, tout est parfait, et comme tout possesseur de véhicule ancien, fier comme Artaban, il pourra dire : c’est un bijou c’t’auto, c’est la plus belle, c’est sûr ! Texte et photo : Pascal Ricard. |